Renforcer la démocratie commence dans la tête des politiciens
(Opinions – L’Echo du 6 decembre 2022 – tekst in het NL onderaan)
La démocratie, ça se travaille. Si l’on ne l’entretient pas, elle risque de se dégrader. La pente glissante vers la démocratie illibérale sur laquelle la Pologne et la Hongrie sont assises depuis plusieurs années n’est pas un phénomène temporaire. De nombreuses crises ont secoué notre société ces dernières années: la crise de l’euro, le terrorisme, la crise du Covid et récemment la crise énergétique. L’insatisfaction et l’incertitude aiguisent le débat social. Comment protéger notre démocratie et renforcer son pouvoir de gouverner en ces temps incertains ?
Il est indéniable qu’un feu de tourbe couve depuis plusieurs années dans de nombreuses démocraties occidentales. Donald Trump et le feuilleton autour du Brexit en sont les exemples les plus frappants. En Europe de l’Est, des populistes de droite comme Viktor Orbán et Jaroslaw Kaczyński démantèlent progressivement l’État de droit. De l’autre côté de l’échiquier politique, une guerre culturelle a éclaté autour de la pensée de groupes identitaires pendant que les militants du mouvement écologiste, pour lesquels l’État de droit est au service de leur lutte climatique, se radicalisent. La menace de l’extrême droite est aiguë, celle de la gauche n’est pour l’instant que culturelle. Il en résulte une nouvelle érosion du centre politique. Par exemple, les restes du PS français ont été mangés par le mouvement de gauche populiste autour de Jean-Luc Mélenchon. En conséquence, le terrain de jeu politique entre l’extrême gauche et l’extrême droite se rétrécit visiblement et la fragmentation continue de s’accroître. Pour ceux qui trouvent la politique belge chaotique: la Chambre des représentants néerlandaise compte aujourd’hui 20 groupes politiques. Cela, bien sûr, rend difficile la mise en place et le fonctionnement des gouvernements de coalition dans un délai raisonnable.
Pendant ce temps, les médias creusent le fossé entre les citoyens et les politiciens. Même si ce signal est particulièrement diffus. Le dernier sondage Eurobaromètre de juillet sur la confiance en la politique confirme que seuls 40% des Belges font confiance au gouvernement. Bien que 67% soient satisfaits de l’approche du gouvernement face au Covid et 64% de la gestion de la crise ukrainienne. Le gouvernement belge ne fonctionne pas bien, même s’il semble s’être plutôt bien débrouillé dans la gestion de crise. De plus, quiconque examine également le malaise dans une perspective historique se souviendra sans aucun doute des résultats des élections de novembre 1991 au cours desquelles le Vlaams Blok a percé, et des innombrables analyses à ce sujet. Déjà à ce moment, l’écart avec le citoyen devait être comblé.
Pourtant il y a bel et bien un problème. Notre société évolue rapidement. Elle est volatile et ambivalente comme jamais auparavant. Nous vivons dans une réalité mouvante où les certitudes d’hier peuvent demain glisser comme du sable entre les doigts de nos mains. Une partie de la classe moyenne doute que ses enfants aient un avenir meilleur. Ces préoccupations sont légitimes à l’heure où d’importants gains de prospérité semblent derrière nous et que de nombreux défis tels que le vieillissement de la population, la place de l’Europe dans un monde multipolaire et le changement climatique exigent des solutions. La crainte de perdre les acquis est réelle.
Le nouveau paysage des médias numériques n’est pas vraiment utile à cet égard. Les algorithmes des nouvelles plateformes médiatiques transforment le mur de chacun en chambre d’écho sans trop de contradiction. L’interprétation d’un expert vaut autant que la recherche sur Google par un militant. Les journaux en ligne vendent des titres attrape-clics. Un modèle commercial qui repose sur les données et l’attention est le terrain de chasse idéal pour la désinformation et la propagande sournoise. La peur, la colère et l’incertitude sont plus convaincantes que les bonnes nouvelles. Le scandale de Cambridge Analytica, qui a révélé la ligne directe entre le référendum sur le Brexit et l’élection de Trump, a impitoyablement dévoilé de telles pratiques. La véritable histoire de l’ingérence de la Russie dans les réseaux sociaux occidentaux n’a pas encore été révélée. Un débat approfondi sur la domination du marché des réseaux sociaux, leurs algorithmes et leur rôle dans le processus démocratique s’impose.
Mais la tâche la plus importante est réservée à la politique. Le débat démocratique doit être revalorisé. Les partis centristes doivent se réinventer pour gouverner légitimement et puissamment. Cette combinaison est essentielle pour maintenir vivant notre modèle démocratique. Nous devons avoir une réflexion profonde à ce sujet.
Tout d’abord la partie facile, qui est pourtant si difficile à réaliser: simplifier le fonctionnement de notre appareil politique. Nous avons rendu ce pays complexe avec tant de mécanismes de blocage qu’ils font obstacle à des réformes majeures. Il y a trop de niveaux de gouvernement avec trop de politiciens. Cela obscurcit le débat politique et conduit à des guéguerres entre les niveaux politiques et les différentes coalitions. De plus, cela crée des procédures lourdes, une incohérence politique et des frais généraux supplémentaires pour des fonctionnaires qui font le même travail. Que ce soit clair, je ne demande pas de choix simplistes tels que le retour à la Belgique unitaire d’antan ou une division du pays. Il s’agit plutôt de simplifier les structures existantes pour qu’elles fonctionnent mieux. Ce qu’Alexander De Croo a fait avec le comité de consultation pendant la crise du Covid en est un exemple frappant.
Une telle simplification permet également de travailler au renforcement du pouvoir législatif. Des parlements plus puissants peuvent être un digne contrepoids des gouvernements. En conséquence, le pouvoir excessif de la particratie, de fait un artifice pour maintenir le pays gouvernable, peut être limité afin d’avoir à nouveau un débat démocratique plus sérieux avec des choix clairs.
En ce qui concerne la teneur de ce débat, la presse et les politiciens devraient se regarder profondément dans les yeux. Trop d’attention est accordée au processus et au jeu, alors que le contenu est trop souvent accessoire. Les rapports politiques normaux sont étouffés par le flash du moment, les gens recherchant généralement le coupable plutôt que la solution. Afin d’attirer l’attention, les politiciens vont parfois très loin sur les réseaux sociaux. Le volume augmente, on oublie les bonnes manières. C’est un processus qui s’auto-renforce.
Cependant, le véritable changement nécessaire pour soutenir durablement notre démocratie est dans l’esprit des politiciens. La croissance de l’État-providence d’après-guerre nous a donné un grand gouvernement qui nous sert du berceau à la tombe. Mais un tel système de protection sociale n’est durable que s’il existe suffisamment d’incitations au travail et s’il y a suffisamment de croissance économique pour le financer durablement. Cette durabilité est sous pression, tandis que le gouvernement est encore plus chargé de tâches et devrait compenser tous les dommages imaginables pour les entreprises et la population, comme en témoignent les subsides Covid-19 et les chèques énergie. Selon l’historienne néerlandaise Beatrice De Graaf : « Si les choses vont mal, le citoyen prend l’aide du gouvernement pour acquis. (…) Parce que le gouvernement n’a cessé de multiplier les intitiatives de soutien, le citoyen est devenu accro à ce gouvernement. » La gauche comme la droite clament haut et fort que le gouvernement pourvoira, sans pour autant parler du coût engendré.
Pour éviter que cette illusion de faisabilité n’explose à la figure des politiciens et de tous les citoyens, la rue de la Loi pourrait user d’un peu plus de modestie. Un équilibre doit être trouvé entre la création de richesses et la protection sociale. Il faut remettre en question l’importance du rôle du gouvernement dans la société vis-à-vis de l’individu, calculer le coût et ensuite agir en conséquence. Cela signifie aussi admettre que parfois ce n’est pas facile, que des moments difficiles peuvent arriver, sans doute accompagnés de sacrifices occasionnels avant que les choses ne s’améliorent.
Christian Leysen
De democratie versterken begint in het hoofd van de politici
Democratie is een werkwoord. Zonder onderhoud dreigt het verval. Het hellend vlak richting illiberale democratie waarop Polen en Hongarije al enkele jaren zitten is geen tijdelijk fenomeen. Tal van crisissen schudden onze samenleving de afgelopen jaren door elkaar: eurocrisis, terrorisme, corona en nu de energiecrisis. Ongenoegen en onzekerheid zetten het maatschappelijk debat op scherp. Hoe beschermen we onze democratie en versterken we de bestuurskracht ervan in onzekere tijden?
Het valt niet te ontkennen: er sluimert sinds enkele jaren een veenbrand onder tal van westerse democratieën. Donald Trump en de soap rond de Brexit zijn de meest sprekende voorbeelden. In Oost-Europa onttakelen rechts-populisten als Viktor Orbàn en Jaroslaw Kaczinsky geleidelijk de rechtsstaat. Aan de andere kant van het politieke spectrum ontstond een cultuuroorlog rond identitair groepsdenken en radicaliseren activisten uit de ecologische beweging bij wie de rechtsstaat ondergeschikt is aan hun klimaatstrijd. De dreiging vanuit extreem-rechts is acuut, die vanuit links is voorlopig alleen cultureel. Gevolg is de verdere uitholling van het politieke centrum. Zo werden de restanten van de Franse PS opgegeten door de populistisch-linkse beweging rond Jean Luc Mélenchon. Het politieke speelveld tussen extreem-links en extreem-rechts verkleint daardoor zienderogen en de versnippering neemt verder toe. Voor wie de Belgische politiek een warboel vindt: de Nederlandse Tweede Kamer telt thans 20 fracties. Zo wordt het natuurlijk weer moeilijk om coalitieregeringen op de been te brengen binnen een redelijke termijn.
Ondertussen diepen de media de kloof tussen burger en politiek verder uit. Al is dat signaal bijzonder diffuus. Het recentste Eurobarometer-onderzoek over vertrouwen in de politiek van juli bevestigt dat slechts 40% van de Belgen vertrouwen heeft in de regering. Al was 67% tevreden over de regeringsaanpak van covid en 64% over de omgang met de Oekraïnecrisis. De Belgische regering werkt niet goed, maar trok blijkbaar wel al bij al zijn plan in zijn crisisaanpak. Wie bovendien het onbehagen wat in historisch perspectief bekijkt, herinnert zich ongetwijfeld de verkiezingsuitslag van november 1991, waarbij het Vlaams Blok doorbrak, en de ontelbare analyses erover. Ook toen moest de kloof met de burger gedicht worden.
Toch is er wel degelijk een probleem. Onze samenleving verandert razendsnel en is volatiel en ambivalent als nooit voorheen. We leven in vloeibare tijden waarin de zekerheden van gisteren ons morgen als water uit de handen kunnen glippen. Velen in de middenklasse twijfelen eraan of hun kinderen een betere toekomst zullen hebben. Het zijn terechte bezorgdheden in een tijd waarin grote welvaartsstijgingen achter ons lijken te liggen en tal van uitdagingen zoals de vergrijzing, de plaats van Europa in een multipolaire wereld en het klimaat om oplossingen vragen. De schrik voor verlies van wat men heeft zit er goed in.
Het nieuwe digitale medialandschap is daarbij niet bijzonder behulpzaam. De algoritmes van de nieuwe mediaplatformen maken van ieders tijdlijn echokamers zonder al te veel tegenspraak. De duiding van een expert is er evenveel waard als het gegoogel van een activist. Onlinekranten grossieren in schreeuwerige titels op zoek naar clicks. Een businessmodel dat draait op data en aandacht vormt het ideale jachtterrein voor desinformatie en slinkse propaganda. Angst, woede en onzekerheid scoren altijd beter als goed nieuws. Het schandaal van Cambridge Analytica, dat de directe lijn blootlegde tussen het Brexitreferendum en de Trumpverkiezing legde dit soort praktijken genadeloos bloot. De ware toedracht over de Russische inmenging op de Westerse sociale media moet nog worden geopenbaard. Een grondig debat over de marktdominantie van sociale mediaplatformen, hun algoritmes is en hun rol in het democratische proces is dringend nodig.
Maar de politiek wacht de grootste opdracht. Het democratisch debat moet worden geherwaardeerd. Middenpartijen moeten zichzelf heruitvinden om legitiem maar ook krachtig te kunnen besturen. Die combinatie is onontbeerlijk om ons democratisch model hier overeind te houden. We moeten ons hierover grondig bezinnen.
Eerst het gemakkelijke deel, dat zo moeilijk uit te voeren is: de werking van ons politiek apparaat vereenvoudigen. We hebben dit land zo complex gemaakt, dat de blokkeringsmechanismen zo talrijk zijn dat ze grote hervormingen in de weg staan. Er zijn te veel bestuurslagen met te veel politici. Dat vertroebelt het politieke debat en leidt tot oorlogjes tussen beleidsniveaus met verschillende coalities. Bovendien zorgt het voor logge procedures en extra overheadkosten voor ambtenaren die hetzelfde doen en beleidsincoherenties. Het gaat hier voor alle duidelijkheid niét over simplistische keuzes als de terugkeer naar het unitair België van weleer of een opdelen van het land. Het gaat over hoe bestaande structuren kunnen vereenvoudigd worden, zodat ze beter kunnen werken. Wat Alexander De Croo deed met het overlegcomité is hierbij een sprekend voorbeeld.
Deze vereenvoudiging maakt het ook mogelijk om te werken aan de versterking van de wetgevende macht. Als de parlementen meer slagkracht krijgen, kunnen ze een waardig tegengewicht vormen tegenover de regering. Dat kan er ook toe leiden dat de almacht van de particratie, in feite een kunstgreep om het land bestuurbaar te houden, kan worden ingeperkt. Het moet leiden tot een ernstiger democratisch debat en duidelijke keuzes.
Wat de teneur van dat debat betreft, moeten pers en politiek elkaar eens diep in de ogen kijken. Teveel aandacht gaat naar het proces en het spel, terwijl de inhoud al te vaak bijkomstig is. Normale beleidsberichtgeving geraakt ondergesneeuwd door de steekvlam van het moment, waarbij men meestal liever naar de schuldige zoekt dan naar de oplossing. Om toch maar in de aandacht te komen gaan politici op social media soms erg ver. Het volume gaat dan de hoogte in, en de goede manieren worden thuisgelaten. Het is een zichzelf versterkend proces.
De echte verandering die nodig is om onze democratie duurzaam in stand te houden, zit echter in het hoofd van politici. De groei van de naoorlogse welvaartsstaat bezorgde ons een grote overheid die ons van wieg tot graf ten dienste staat. Maar zo’n systeem van sociale bescherming is alleen maar houdbaar, als er voldoende prikkels om te gaan werken blijven én als er voldoende economische groei is om het duurzaam te financieren. Die houdbaarheid staat onder druk, terwijl de overheid verder beladen wordt met taken én geacht wordt alle denkbare schade van bedrijven en bevolking te vergoeden, getuige de coronasteun en de energiecheques. De Nederlandse historica Beatrice De Graaf: “Gaat er iets mis, dan meent de burger recht te hebben op de hulp van de overheid. (…) Doordat de overheid steeds meer is gaan doen, is de burger verslaafd geraakt aan die overheid.” Van links tot rechts claimt men dat de overheid alles wel zal oplossen, maar verzwijgt men wat het kost.
Om te vermijden dat deze illusie van maakbaarheid op termijn in het gezicht van de politiek én alle burgers ontploft, is wat meer bescheidenheid op zijn plaats. Ze moet een evenwicht vinden tussen welvaartscreatie en sociale bescherming. Ze moet zich opnieuw afvragen hoe groot ze de rol van de overheid in de samenleving ziet tegenover het individu en daar ook naar handelen. Dat betekent ook toegeven dat het soms niet gemakkelijk is, dat er slechte tijden aanbreken en dat er af en toe offers moeten gebracht worden.
Christian Leysen