Plus de ‘lapins gris’ en politique
(Article dan l’Echo du 11 janvier – Christine Scharff )
Christian Leysen (Open VLD), qui termine à 69 ans son premier mandat comme parlementaire après une carrière d’entrepreneur, encourage d’autres «tempes grises» à faire de même.
«Service civil rue de la Loi», «Burgerdienst in de Wetstraat», c’est le titre de l’ouvrage que Christian Leysen (Open VLD) publie sur ses presque cinq années passées comme député au parlement fédéral. Un livre qui n’est pas un livre de campagne, puisque l’ancien entrepreneur, qui a fondé la société ICT Xylos et dirigé l’entreprise logistique familiale Ahlers, ne se représente pas.
Christian Leysen, qui avait déjà siégé trois ans au conseil communal d’Anvers au début des années 2000, avant de démissionner, encourage tous les Belges à s’engager un temps en politique. «Il faut pouvoir chausser ses bottes et mettre ses pieds dans la boue. On regarde trop souvent les politiciens comme des extraterrestres qui profitent du système. La réalité est bien plus complexe, même si les politiques ne donnent pas toujours une image très glorieuse dans les médias et que l’institution est souvent déficiente. Mais je m’oppose à l’idée qu’on peut tout déléguer à des mandataires publics qu’on choisit, puis qu’on honnit ensuite. La démocratie ne fonctionne que si les gens y participent, au sens large.»
Des mandats pour un temps limité
Pour lui, prôner la démocratie directe ou un système où tout se décide par référendum relève du fantasme. Il estime, par contre, qu’à côté des hommes politiques de carrière, enclins à défendre non seulement leur idéologie, mais aussi leur parti et leur personne, il serait souhaitable d’avoir davantage de mandataires qui font de la politique pour un temps limité. «Cela apporte du sang neuf, et cela donne une vraie liberté de parole et d’action. Et cet engagement ne doit pas seulement se faire comme ministre ou comme parlementaire, mais aussi au niveau local, ou comme membre d’un parti.»
Et à l’heure où les partis se battent pour attirer en politique des «lapins blancs», des personnalités venues de l’extérieur et susceptibles de faire des voix, Christian Leysen appelle plutôt à plus de «lapins gris». «S’ils ont les tempes grises, ils apporteront sans doute plus de sagesse, plus de réalisme et plus de patience, dans une structure démocratique qui est parfois très compliquée.»
Même s’il conseille à tous les candidats de regarder la série télévisée danoise Borgen, qui expose les intrigues et les compromis de la vie politique, mais aussi leurs répercussions sur l’environnement familial, Christian Leysen se montre plus enchanté que déçu de son expérience comme parlementaire. Et il est particulièrement fier du travail qu’il a accompli comme président de la commission Energie et Climat. «Quand je suis entré au Parlement, un débat sur l’énergie nucléaire n’était tout simplement pas possible. Nous avons contribué à assurer l’approvisionnement en énergie, et j’ai pu mettre le débat sur les SMR, les petits réacteurs modulaires, à l’ordre du jour. Le contenu l’a emporté sur les joutes politiques. Et nous allons produire un rapport final qui va dresser les chantiers de la prochaine législature.»
Une Chambre à moderniser
Il ne cache pas, toutefois, qu’un certain nombre de choses l’ont fortement agacé. «Concernant la gestion de la Chambre elle-même, moi qui ai commencé ma carrière comme auditeur dans un cabinet de réviseurs international, je suis tombé des nues. La Chambre travaille encore avec une comptabilité de caisse, sans bilan. Et on a découvert au milieu de la législature que plusieurs hauts fonctionnaires s’étaient octroyés de très généreuses primes de retraite, en mettant des politiciens dans le bain, sans que ce soit approuvé ni inscrit au budget.» Sa tentative de reporter l’approbation des comptes 2023 de la Chambre a échoué. «Mais entretemps, et pour la première fois, la Cour des comptes a été mandatée pour vérifier les comptes de la Chambre. Et je plaide pour qu’on ait le courage de moderniser le fonctionnement de cette institution, qui emploie tout de même 600 personnes et qui a un budget de 200 millions, en mettant en place – pour la gestion administrative- un conseil d’administration composé pour moitié de politiques, et pour moitid’administrateurs indépendants, qui savent ce que c’est que gérer une organisation de cette taille.»
Ses autres grandes surprises? «Malgré le fait qu’il y a beaucoup de gens compétents au parlement, dans les différents partis, il sont trop encadrés par la particratie, avec les yeux braqués sur l’horizon de la prochaine élection. Je suis aussi très surpris qu’en matière de soins de santé, ni le parlement ni même le ministre n’ont grand-chose à dire, puisque l’Inami est régi par une série de commissions mixtes où siègent les mutualités et les médecins. Or l’Inami, c’est tout de même un budget de quelque 40 milliards d’euros!» Il est aussi un peu déçu du peu de réformes qui ont été effectuées sus cette législature. « Mais en politique, les choses évoluent lentement. Des pas ont été accomplis, il faut maintenant que d’autres poursuivent le travail.»